Quelles valeurs pour l’école ?

Dans l’article précédent nous avons conclus que, si l’école devait transmettre des valeurs, cela ne disait rien, ni de la hiérarchie entre valeurs et savoirs, ni du contenu de ces valeurs.

Aussi, les débattants se partagent en deux camps. Pour les uns,  l’école est d’abord et avant tout un lieu de transmission de savoirs. Tout le reste est secondaire et ne doit pas faire occulter à l’école sa mission première. Ainsi sont critiquées toutes les initiatives qui ne relèvent pas stricto sensu de la transmission d’un savoir : note de vie scolaire au collège (supprimée par Vincent Peillon), ECJS (Education Civique, Juridique et Sociale), Travaux Personnels Encadrés en première, sports, projets pédagogiques extra-scolaires, voyages scolaires et sorties diverses et variées… Ainsi dans La querelle de l’école, Fanny Capel, agrégée de lettres, écrit très clairement : « l’éducation civique, juridique et sociale (…) n’est, finalement, que l’occasion, pour les professeurs et leurs élèves, de se livrer à une sorte de prêchi-prêcha sur les valeurs citoyennes. (…). L’école est devenu un simple lieu socialisant. A trop vouloir éduquer, on n’instruit plus. Je ne dis pas que l’école ne doit pas éduquer mais j’ai la conviction que l’éducation passe par la transmission du savoir. » Plus tôt dans l’ouvrage, elle était encore plus directe : « les itinéraires de découverte, les TPE sont peut être des pistes intéressantes, mais la première question à poser est celle de savoir si les élèves y apprennent quelque chose où s’il y brassent de l’air. (…) Les valeurs doivent être subordonnées au savoir et non l’inverse. » Pour d’autres, l’école doit pouvoir être le lieu d’une transmission des valeurs, quitte à empiéter sur le temps réservé aux apprentissages strictement scolaires.

La question qui se pose ensuite, dans un débat plus virulent encore que le premier, est de savoir, si l’on admet que l’école transmettre des valeurs, quelles valeurs doivent être transmises. Les débats portent généralement sur les places respectives de l’école et de la famille : l’éducation affective et sexuelle est-elle l’apanage des familles ou l’école doit-elle s’en charger également ? quid de l’éducation à l’égalité hommes-femmes avec les débats sur la “théorie du genre” ?

Evoquant l’égalité entre filles et garçons, la sociologue Marie Duru-Bellat argumente : « Réserver à la famille l’inculcation de ces valeurs, c’est évidemment une pente glissante : si chaque groupe ou chaque communauté promeut ses valeurs et rejette toute notion de valeurs partagées par tous, il n’y a plus d’école commune publique, quant à la Nation…. Il n’y a pas de raison non plus que ce particularisme qui est aussi un relativisme ne touche pas aussi les savoirs académiques comme on le voit dans d’autres pays –aux Etats-Unis où certains pans entiers de la biologie sont rejetés, et comme cela semble poindre déjà chez nous dans certains contextes. »

Dans l’article suivant, nous poursuivrons ce débat en détaillant la question particulière des valeurs démocratiques.

3 réflexions sur “Quelles valeurs pour l’école ?

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