III. La vie d’un certain Juif : que peut-on dire de fiable sur Jésus de Nazareth ?
Après trois articles durant lesquels nous n’avons fait, au fond, que présenter les sources, les matériaux et la méthodologie de Meier, comme il le fait lui-même dans le tome I, venons-en au contenu plus précis des ouvrages, à savoir : la fin du tome I, qui concerne l’enfance de Jésus et des questions diverses (sa famille, son métier, son éducation, son lieu de naissance et de vie, etc.) ; le tome II, qui concerne son message religieux et sa relation avec Jean le Baptiste ; le tome III, qui concerne son entourage proche ou lointain, à savoir ses disciples et les foules qui le suivaient, ainsi que ses adversaires, pharisiens, sadducéens, esséniens ; le tome IV, qui concerne la relation de Jésus à la loi juive. Bref, tout ce que pouvons dire de fiable sur un certain Juif, Jésus, prophète Juif marginal de la Palestine du premier siècle et personnage historique ayant marqué la culture religieuse, artistique et intellectuelle occidentale dans des proportions uniques.
Paradoxalement, j’ai passé jusqu’ici plus de temps sur la méthode et les sources que sur le contenu des ouvrages (que pouvons-nous dire sur Jésus ?). Peut-être parce que la méthode et les sources posent d’emblée un cadre intellectuel qui est presque aussi important que les enseignements ultérieurs sur Jésus. Cela permet aussi de saisir l’intérêt (immense) du travail monumental de J.P Meier tout en en saisissant les limites. Autant je crois avoir dit l’essentiel en justifiant (presque) chacun de mes affirmations dans les trois premiers articles de cette série, autant pour la suite, je devrais me contenter de résumer très brièvement et parfois sans justifier mes affirmations. Tout simplement, le contenu du travail de J.P Meier –et de la recherche historique sur Jésus depuis un siècle en général– est bien trop vaste pour qu’on en fasse une synthèse argumentée en quelques dizaines de lignes. Mon but est plutôt d’intéresser le lecteur à approfondir le sujet en lisant lui-même A Marginal Jew, et d’autres ouvrages sur la question.
Plus précisément, j’ai choisi de passer du temps sur les sujets polémiques et d’aller vite sur les sujets consensuels. Savoir si Jésus a existé réellement, a eu des frères et sœurs ou s’est considéré comme Fils de Dieu est hautement polémique étant donné les enseignements religieux sur le sujet. Par contre, savoir si Jésus savait lire, si telle parole précise a vraiment été prononcée par lui (sachant qu’en certains endroits Meier passe plus de vingt pages sur certains mots, évènements ou paroles clés !) ou à quelle date précise il est mort est moins polémique. Dans certains cas, je n’hésiterai donc pas dans à résumer Meier (qui a l’amabilité de se résumer lui-même à la fin de chaque chapitre) en quelques mots ; dans d’autres cas, je développerai plus longuement.
Par ailleurs, comme je l’ai indiqué je ne suivrai pas nécessairement le plan des ouvrages de Meier, et je vais d’ailleurs commencer tout de suite en évoquant la question de l’existence historique de Jésus de Nazareth.
A. Jésus a-t-il existé ?
Paradoxalement, Meier consacre assez peu de temps et de pages à la démonstration de l’existence de Jésus. Elle constitue pratiquement un présupposé de son ouvrage.
Les premières théories sur l’inexistence de Jésus datent du XVIIIème siècle. On trouve chez Voltaire (Examen important de Milord Bolingbroke, 1736) les premières interrogations sur l’existence historique de Jésus de Nazareth. C’est surtout le philosophe allemand Hermann Samuel Reimarus, avec L’Objectif de Jésus et de ses disciples (1778) qui lance la “première quête”, c’est-à-dire le début de la recherche historique sur Jésus de Nazareth. C’est cette première quête, dans sa volonté de se débarrasser des dogmes chrétiens en général et catholiques en particulier, qui produira d’innombrables Vie de Jésus rationalistes où le philosophe plaque sa propre conception du monde sur Jésus de Nazareth.
Toutes ces interrogations étaient au départ tout à fait légitimes dans la mesure où, au XVIIIème siècle, la recherche historique sur Jésus de Nazareth n’en était qu’à ses balbutiements. Tout ce qu’un historien antique utilise aujourd’hui et que nous avons résumé dans les trois premiers articles (analyse et connaissance des sources, critères d’historicité, connaissance du milieu religieux juif de la Palestine du premier siècle, concepts comme la distinction entre Jésus réel, Jésus historique et Jésus de la foi, etc.) était mal connu. Tout restait à faire, à défricher. Les historiens n’avaient pas tous les manuscrits anciens dont on dispose aujourd’hui, en particulier du fait des fouilles anglaises et françaises en Égypte au XIXème et au début du XXème siècle, et travaillaient dans un contexte où la liberté de parole et d’étude n’était pas aussi grande qu’aujourd’hui, surtout sur un tel sujet ! Chaque auteur en quête du Jésus historique se débrouillait donc comme il pouvait.
Les progrès de la recherche historique ont amené les spécialistes du sujet (chercheurs professionnels) à rejeter totalement aujourd’hui la thèse mythiste, c’est-à-dire la thèse de l’inexistence historique de Jésus de Nazareth. Les non-spécialistes n’hésitent pourtant pas à les reprendre, comme Michel Onfray, qui dans son Traité d’Athéologie (2005) considère que Jésus est un personnage conceptuel à la manière de l’Ulysse d’Homère ou du Zarathoustra de Nietzsche. Autrement dit Jésus n’aurait tout simplement jamais existé. Ces thèses ressurgissent parfois sur internet, avec tout ce qu’on peut imaginer d’élucubrations et de théories du complot. Les théories mythistes s’appuient sur le manque de sources et sur les comparaisons possibles entre les traditions religieuses pour affirmer que Jésus serait un mythe solaire, un symbole sur lequel l’Église primitive aurait développée à posteriori des paroles et des évènements piochés çà et là dans les traditions religieuses antérieures, notamment égyptiennes, babyloniennes, perses. Jésus est comparé par exemple à d’autres dieux ou demi-dieux : Hercule, Horus, Mithra, etc. Pourquoi les théories de l’inexistence de Jésus sont-elles rejetées par la quasi-totalité des spécialistes de l’histoire antique chrétienne ? Donnons-en trois raisons simples.
1. Le manque de sources ne constitue pas un argument suffisant pour affirmer l’inexistence historique d’un personnage. Nous l’avons dit, c’est le cas de la plupart des personnages historiques anciens. Que les Évangiles soient des récits peu objectifs ne signifient pas que nous ne pouvons rien en tirer d’historique, comme nous le verrons. Là aussi, beaucoup de récits antiques (voire tous !) décrivent des batailles, des rois, des généalogies en des termes peu objectifs car il s’agit de glorifier un souverain, de critiquer un peuple ennemi, de mettre en avant le merveilleux, etc. Le site info-bible.org fournit un intéressant tableau récapitulant les sources pour différentes œuvres antiques :
On constate ainsi que tant par le nombre de manuscrits disponibles que la (faible) durée écoulée entre l’original et le plus ancien disponible, les sources sur Jésus de Nazareth apparaissent plus solides que nombre d’œuvres antiques célèbres. Sachant que nous n’avons que 10 manuscrits de la Guerre des Gaules et qu’il s’est écoulé 950 ans entre le plus ancien manuscrit disponible (à l’époque carolingienne) et la date à laquelle se sont produits les évènements racontés (-58 à -52 av. J-C.), la remise en cause de l’existence historique de Jésus sur la base du simple manque de sources devrait logiquement conduire à remettre en cause l’existence historique de la guerre des Gaules, et pourquoi pas de Jules César. Sans parler de Platon, d’Homère, de Bouddha, et même de Mahomet puisque la première biographie a été écrite plus de 150 ans après sa mort. Un manque de sources ne signifie pas une absence de sources.
On se trouve ici face à un problème de méthode hypercritique typique des théories du complot, et particulièrement présente en histoire. Celles-ci disent en substance : puisqu’on n’a pas de preuve absolument certaine que A (science), alors B (café du commerce). Mais en sciences humaines, on l’a dit, on n’a jamais de preuve absolument certaine que A, que ce soit sur les causes du chômage en économie, la réaction humaine face au danger en psychologie, les causes de la reproduction sociale en sociologie, … ou les sources sur l’existence de Jésus de Nazareth. Ceux qui attendent des sciences humaines des preuves aussi absolues que celles que peut donner un astrophysicien observant une nouvelle planète ou un biologiste étudiant la reproduction des grenouilles (et encore !) devraient se (re)mettre à l’épistémologie (ou lire mon article sur le sujet), en commençant par Popper qui a montré que la science en général, y compris les sciences dites “dures”, ne procèdent que par le doute et la réfutation et qu’une vérité scientifique n’est jamais qu’une hypothèse ayant résisté jusque-là à toute réfutation. C’est là, précisément, que se situe la caractéristique des théories farfelues. Comme l’exprime fort justement Pierre-André Taguieff, elles singent la pensée méthodique mais sont imperméables à la moindre contradiction/réfutation, un signe caractéristique de l’absence d’esprit scientifique. Au XVIIème siècle, un certain Jean Hardouin n’a pas hésité à prétendre que la plupart des œuvres de l’Antiquité classique dataient du Moyen-âge puisqu’on en avait pas d’exemplaires antérieurs !
Popper a jeté un doute sur la capacité des sciences à dégager des invariants. De ce doute parfaitement normal et même sain pour un esprit raisonnable, les hypercritiques (qui eux, naturellement, ne doutent pas) en déduisent que tout se vaut, et qu’après tout, si on ne peut pas prouver avec une certitude parfaite que Jésus a existé, alors il peut tout aussi bien n’avoir pas existé, et être le fruit de quelques complots ecclésiastiques. Cette affirmation, qui pouvait être sérieuse il y a deux siècles quand on ne savait pas grand-chose de fiable sur Jésus de Nazareth, ne l’est plus aujourd’hui. C’est un grave manque de rigueur et d’esprit scientifique que de conclure des difficultés de la science à produire des énoncés certains que n’importe quelle affirmation lui équivaut.
2. L’existence de mythes antiques présentant des similitudes avec l’histoire de Jésus de Nazareth ne prouve rien. D’abord, les similitudes sont beaucoup moins nombreuses que ne veulent le faire croire certains tenants de la thèse mythiste. Le célèbre (sur internet) documentaire Zeitgeist compare ainsi Jésus et le dieu égyptien Horus en prétendant que Horus, comme Jésus, est né d’une vierge après une annonce par des anges, avait 12 disciples, a marché sur l’eau, a été crucifié, etc. Jésus ne serait donc qu’une déclinaison d’Horus transposé dans la mythologie judéo-chrétienne. Or, rien de tout cela ne correspond à la réalité du panthéon égyptien. Au contraire, Horus est fils d’Isis et d’Osiris (il n’est pas né d’une vierge), il n’a pas eu de disciples, n’a pas marché sur l’eau, a eu des enfants, etc. Certaines théories mythistes sont complètement farfelues, utilisent des méthodes douteuses (numérologie de l’Ancien Testament, transposition hébraïques discutables, etc.) et ne se basent sur aucune source sérieuse. Nous y reviendrons, mais l’un des apports du travail de Meier est de montrer que loin d’être interchangeable par rapport aux autres personnages extra-ordinaires de l’Antiquité (prophètes, thaumaturges, demi-dieux…), Jésus de Nazareth combine dans sa personne un ensemble de caractéristiques qui le rendent quasi-unique.
Soyons clairs : ceci ne signifie pas qu’il n’y a pas de lien entre certaines mythologies païennes et le christianisme. D’abord parce que le christianisme est au départ une secte juive, une « variante » du judaïsme dont tous les adeptes (les disciples) et le fondateur sont Juifs. Or le judaïsme lui-même, bien qu’unique en son genre, a été au contact de nombreuses autres traditions religieuses, notamment égyptienne et babylonienne (durant l’Exode, puis durant l’exil à Babylone), dont il puisé logiquement des éléments de sa tradition religieuse. Par exemple, les exégètes font des parallèles entre l’hymne égyptien au dieu Aton, composé par Aménophis IV, et le psaume 104.
Toutes les cultures et les religions s’influencent mutuellement : ceci est parfaitement normal et plutôt sain, dans la mesure où l’influence provient du dialogue des cultures et des religions. Aussi, l’implantation du christianisme dans l’empire romain s’est souvent faite par remplacement des religions païennes en place, ce qui a pu donner lieu à certains syncrétismes, à certaines reprises. Le plus connu est évidemment la date du 25 décembre, date du solstice d’hiver déjà célébrée par les traditions païennes (pour plus de précision historique lire cet excellent entretien de l’historien François Walter). Pour l’Église primitive dans son zèle évangélique, il était naturel de choisir cette date symbolique pour la commémoration de la naissance du Christ, bien qu’elle n’ait rien de biblique. De même encore, l’image de la « Vierge à l’Enfant » (Marie nourrissant Jésus) a pu s’inspirer, dans le christianisme égyptien, d’Osiris nourrissant Horus et des cultes antiques de la fécondité.
Qu’il y ait eu des emprunts aux religions païennes et des syncrétismes lors de la diffusion du christianisme est donc avéré, mais ne permet en aucun cas de conclure à l’inexistence historique de Jésus de Nazareth. Certains thèmes ou symboles sont récurrents dans les traditions religieuses humaines : une mère protectrice nourricière, une naissance surnaturelle annoncée pour les personnages extraordinaires etc. Quoi d’étonnant ? Ce qui est étonnant, c’est plutôt de tirer de ces récurrences religieuses dans de nombreuses civilisations du monde la conclusion qu’elles ne peuvent être que fictives. Comme on l’a dit, symbolique ne signifie pas nécessaire inventé, ou fictif. Au XIXème siècle, pour moquer le ridicule des comparaisons solaires qui concluent bien trop vite à l’inexistence du personnage, Jean-Baptiste Pérès écrit Comme quoi Napoléon n’a jamais existé (en 1827, soit seulement 6 ans après la mort de Napoléon !), en utilisant les mêmes méthodes que les mythologues sur Jésus de Nazareth. Napoléon n’aurait donc pas existé et ne serait qu’un mythe solaire faisant référence à Apollon. En effet, son nom est étymologiquement identique ; comme Apollon, il est né sur une île ; le nom de sa mère signifie « joie » ; ses frères sont des symboles pour les quatre saisons ; il a deux femmes, comme Apollon qui s’unit à la lune et au soleil, etc.
Les emprunts entre religions existent mais il faut raison garder car ceux qui étudient profondément et sérieusement les religions savent qu’il y a beaucoup plus de différences que de ressemblances. Seuls ceux qui ont une approche superficielle peuvent conclure lapidairement « qu’elles disent toutes pareil » ou « qu’elles se ressemblent toutes » parce que c’est la religion, un peu comme si un politologue amateur disait que Mélenchon, Le Pen ou Bayrou, c’est pareil, parce que c’est la politique. La conclusion s’impose : l’existence de ressemblances ne permet tout simplement aucune conclusion quant à l’existence ou l’inexistence du personnage fondateur.
3. Il y a une raison plus profonde. Quand deux théories s’affrontent, chacune doit montrer qu’elle explique mieux les données et les faits que l’autre. A la théorie standard de l’existence historique de Jésus, la théorie mythiste estime qu’il n’a pas existé.
Fort bien. A partir des données existantes, c’est-à-dire les sources dont nous avons parlé, le mythologue contemporain doit donc croire à l’histoire suivante : « Au premier siècle de notre ère, un petit groupe (mettons une trentaine de personnes, en comptant les Douze et quelques autres) organisé de Juifs palestiniens décide de s’inspirer de thèmes mythiques anciens pour créer de toutes pièces un personnage prophétique religieux révolutionnaire, et se servent de ce fondateur mythique pour fonder une religion inspirée du judaïsme, quoique nouvelle en bien des aspects. Ils décident d’imaginer que leur fondateur a été crucifié, supplice par excellence dans l’empire romain. Cette religion leur vaut l’inimitié des autorités juives et romaines et ils sont bientôt pourchassés et jetés aux lions par les autorités romaines. Cependant, ils maintiennent leur version, renversent l’empire romain, convertissent des peuples et fondent bientôt une civilisation basée sur les valeurs de leur nouvelle religion ».
Même le plus fantasque des scénaristes de science-fiction américain aurait du mal à avaler cette histoire tellement elle est farfelue. On peut imaginer les questions que se poserait un spectateur face à un scénario aussi peu crédible : comment des Juifs incultes de la Palestine du premier siècle avaient-ils connaissance des mythologies antiques “solaires”, égyptiennes ou babyloniennes (indice : Wikipedia n’existait pas) ? dans quel but avoir créé ce personnage dérangeant voire choquant pour les mentalités juives de l’époque, en sachant que cela allait leur valoir toutes les réprobations possibles de leur entourage et de leur milieu socio-religieux en général ? pourquoi avoir inventé la crucifixion, en sachant qu’il s’agit du supplice infâmant par excellence dans l’empire romain, et donc que cela dévalorise leur fondateur, alors même qu’ils le prétendent Fils de Dieu ? pourquoi d’ailleurs le prétendre Dieu et Fils de Dieu en même temps, ce qui est à la fois absurde pour un païen et choquant pour un Juif puisque cela remet en cause le monothéisme ? pourquoi se donner le mauvais rôle (celui des disciples lâches qui abandonnent leur maître) dans les Évangiles ? face aux persécutions conduisant à la mort, pourquoi avoir maintenu leur version s’ils savaient qu’elle était inventée ? pourquoi les disciples, et surtout Paul, ont passé leur vie sur les chemins à propager un mythe sachant qu’il n’en ont tiré ni pouvoir, ni gloire, ni argent, mais plutôt la fatigue et une mort douloureuse ? pourquoi Flavius Josèphe et les autres sources non-chrétiennes sur Jésus, y compris ceux des auteurs païens (Celse…) qui s’opposent violemment à la nouvelle religion, s’ils avaient eu des raisons de douter de l’existence de Jésus, ne font jamais mention d’un tel doute ? si le personnage central des Évangiles est inventé, pourquoi s’être donné la peine d’y insérer des contradictions et des incohérences ? etc. etc.
En conclusion : la raison la plus simple qui prouve l’existence historique de Jésus de Nazareth est que son existence explique beaucoup mieux les données disponibles que son inexistence. Croire à l’inexistence de Jésus, c’est adhérer à une histoire hautement improbable, basée sur aucune source/argument sérieux, qui amène des tas de questions auxquelles il est impossible de répondre. Le but de toute science étant d’expliquer le mieux possible les données disponibles après les avoir collecté, cet argument, à soi seul, suffit.
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