De l’identité française : rapide conclusion

Ainsi donc on a dégagé trois fondamentaux de l’identité française : la langue, le christianisme et la République. Aucun de ces fondamentaux ne sont propres à la France : la langue française est parlée ailleurs, le patrimoine judéo-chrétien existe dans tout l’Occident et la République est un modèle courant, même si le modèle laïque “à la française” est moins répandu.

Ce sont les trois éléments ensemble qui font la France et sa particularité. On l’a vu, les accorder n’est pas de tout repos et génère un certain nombre de débats sur l’identité française. Démocratie vs république, religion vs laïcité, langue vs patois, principes vs ouverture… ces débats aussi fondent l’identité française et son goût de la chose publique. Pour autant, ne tombons pas dans les excès du texte de Debray qui oppose parfois artificiellement les idées pour les besoins du propos. Ces oppositions sont d’abord le fruit d’extrémistes qui ne savent penser que par caricatures : on est catholique ou républicain ; républicain et anti-religieux ; démocrate ou républicain ; français ou breton, etc. C’est l’un des mérites des bi-nationaux de nous rappeler à quel point le dialogue entre les cultures est utile, fécond, riche et ne signifie pas la négation de soi. A mort l’extrémisme !

On peut être Français, catholique romain, attaché à la démocratie et aux libertés individuelles tout en considérant que la laïcité française est un excellent modèle. La preuve, c’est ce que je pense. On peut fêter la République le 14 juillet et la Pentecôte sans contredit !  On peut défendre la République comme goût de la chose publique (et donc du débat démocratique) neutralité de l’État et recherche du bien commun sans tomber pour autant dans le déni de démocratie et la tendance totalitaire à faire fi des principes démocratiques au nom d’un intérêt général mal défini ; on peut aimer la démocratie et ses principes dont nous bénéficions tous, sans confondre pour autant liberté d’expression avec relativisme, liberté d’association et terrorisme, égalité des droits avec droit à l’égalité de tout et de n’importe quoi, intérêts individuels et communautarisme, liberté de conscience et de religion et œcuménisme, dialogue spirituel et distinction entre faits et savoirs. On peut être Français, aimer les débats et la rhétorique de ring et garder le sens de la nuance : ce sont des coups précis et mesurés.

Une République française qui ne serait pas d’abord une démocratie serait intolérable. Une République française qui ne serait plus qu’une démocratie comme les autres serait insignifiante. Régis Debray

Certains me diront que j’ai oublié l’essentiel : quid du drapeau ? de la devise ? de l’hymne national ? du fromage ? des monts et vallées ? du vin et de la baguette ?

Sans doute ai-je négligé de nombreux éléments, jugés secondaires. Le drapeau ? Des couleurs qui sont les mêmes que celles de la Révolution américaine, par la suite attribué à Paris (rouge et bleu) entourant le roi (blanc). Bon, on peut remonter plus loin et trouver que le rouge c’est l’oriflamme des croisades, le bleu un symbole royal et le blanc un symbole de sainteté. Bref, on n’en sait rien et le drapeau aurait pu être vert-marron-violet que l’identité française n’en eut guère été affecté (même si le drapeau aurait été assez moche). La Marseillaise ? un chant révolutionnaire  guerrier appelant à la mobilisation citoyenne dans un contexte particulier, celui d’une invasion prussienne imminente, dont les paroles violentes ne font guère sens aujourd’hui et que personne, de toute façon, ne connaît en entier. La devise ? Elle n’énonce que des principes très généraux qu’il faut mieux préciser en lisant la Constitution et ses fondements, ce que nous avons fait en partie ici.

Des autres points, je peux dire un mot plus étendu. Evidemment, la gastronomie française, l’art français, le déjeuner et le vin français, le repos français et toutes sortes de choses auxquelles on accole cet adjectif (musique française, cinéma français, bals français, saucisson français et surtout orgueil français…) font aussi partie de notre identité. Personnellement, surtout le fromage. Mais est-ce vraiment là l’essentiel de l’identité nationale ? Est-il essentiel d’aller chercher sa baguette de pain tous les jours, le vin et les fruits de mer pour être pleinement Français (sérieusement, qui aime vraiment l’accordéon ?) Et même si c’était le cas, si la gastronomie faisait partie essentielle de l’identité française, au même titre que la langue, qu’il y a-t-il de plus à dire à part que c’est bon de manger en France ?

Quant aux monts et aux vallées, là aussi nous pouvons dire que l’identité française est l’identité d’un territoire géographique, d’un pays. Nous bénéficions d’un climat varié, océanique et méditerranéen doux, d’une position géographique idéale en Europe, carrefour entre le Nord et le Sud, nombreux accès maritimes, montagnes et plaines, villes et campagnes. Sans aucun doute le climat façonne-t-il les habitants des pays comme il façonne leur couleur de peau, la théorie n’est pas nouvelle et se défend assez bien. Un pays sec et aride, ou pluvieux et glacial, un pays avec deux saisons, ne peut pas avoir la même culture que la France, et je ne parle pas seulement d’agriculture. Donc, j’en ai dit un mot. Mais un territoire fait-il une nation ? De nombreux pays du monde n’ont-ils pas eux aussi un climat varié, de magnifiques villes et villages et différentes sortes de paysages ?

Pour moi, ces aspects sont importants mais pas fondateurs de l’identité française au même titre que le République, la culture judéo-chrétienne et la langue.

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